La Chine… ne connaissant pas de chinois, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant en Chine. L’image que nous avons d’eux passe par le filtre des groupes de touristes qui viennent visiter la France en express, des restaurants à volonté, du quartier de Belleville à Paris… Peu de choses en réalité, ce qui laisse la place à de nombreuses surprises, et nos premiers jours en Chine ont été servis.

Pour passer la frontière, nous avons avec nous un big brother qui nous prend sous son aile. Il est parti avec nous de Khovd. Il a la nationalité chinoise et vit en Chine mais est de culture mongole (il y a énormément de mongols dans la partie nord du pays). Il a un prénom chinois et un prénom mongol. Il travaille en Mongolie dans le business de l’or (il y a là-bas pas mal de zones aurifères). Il est de retour chez lui et se fait un devoir de nous aider. Une courte nuit dans un hôtel à Bulgan et il nous dégotte un taxi pour nous amener à la frontière à 30 minutes du village. Notre ami passe souvent cette frontière. C’est simple il connaît tout le monde, du côté mongol comme du côté chinois. Poignées de mains toutes les 5 minutes. Comme attendu, passer la frontière mongole est un jeu d’enfant comparé à la chinoise qui exige de nombreux contrôles, y compris un scan corporel. Nous découvrirons plus tard que les contrôles sont monnaie courante bien au-delà de la frontière. Arrivés en Chine, notre ami Barna nous emmène manger la spécialité locale, du poulet. Whaou ! Pour sûr, nous avons quitté la Mongolie. Explosion de saveurs : du poulet, des poivrons, des oignons, du gingembre, des pâtes chinoises faites maison… et du piment. Ça chauffe ! Avec le chauffeur, son beau-frère, qui nous emmène à Urumqi, ils se marrent de nous voir transpirer et nous moucher. Mais c’est délicieux et après un régime imposé de mouton mongol, nous faisons fi du piment.

C’est parti pour encore 7 ou 8 heures de transport dans un mini-bus. Sans langue commune, je tente de discuter avec Barna grâce à google traduction. Mais cette application est vraiment trop approximative et nous passons des heures à essayer d’interpréter les traductions. Cet outil doit être uniquement un complément à la compréhension. (Nous trouverons plus tard d’autres applications de traduction chinoises bien plus performantes !) A mi-chemin, on dépose notre ami chez lui après qu’il se soit assuré que le chauffeur nous amène dans un petit hôtel correct à mi-chemin. C’est lui qui prend le relais pour veiller sur nous en compagnie de deux solides mongols qui font également le trajet avec nous. Repas express (les chinois ne dégustent pas, ils gobent !) sans viande (ma demande a bien fait rire le chauffeur, lui aussi mongol et pour qui la viande est indispensable car elle rend fort et en forme) et délicieux (mais toujours autant épicé…). Nous nous mettons d’accord sur un rendez-vous le lendemain matin à 9h pour terminer le trajet jusqu’à Urumqi. Enfin, c’est ce que nous croyions. A 6h50 le lendemain, on frappe à notre porte. Le chauffeur nous attend… Les yeux encore endormis, nous comprenons la méprise : ici, selon le fuseau horaire en vigueur, il est 2 heures de moins qu’à Pékin ou Oulan Bator. Mais dans la réalité, tout le monde vit à l’heure de Pékin, en avance sur le soleil, du moins dans la ville d’Urumqi…

Urumqi, une petite ville chinoise, capitale de la province du Xinjiang, tout de même la plus grosse ville de l’ouest, 3 millions d’habitants. Les capitales de provinces mongoles comptaient plutôt 30 000 habitants alors c’est dire. Je vous laisse imaginer le vertige pour nous qui revenons des steppes : des tours, des routes aériennes, des bus, des gens partout… et la Police à tous les coins de rue.

Le Xinjiang est originellement habité par les Ouighours, un peuple proche des Turcs et musulman. Depuis plusieurs dizaines d’années, ils revendiquent l’indépendance de ce territoire. Le gouvernement chinois au fur et à mesure des années a écrasé leurs revendications, et notamment par une opération de « colonisation ». La ville d’Urumqi en est le fruit, peuplée majoritairement par les Hans (les « chinois ») et se développant à vitesse grand V à tel point que les Ouïghours y deviennent minoritaires. Ils ne se sentent pas suffisamment entendus et ont fini par utiliser la force et trouver malheureusement un support auprès des islamistes. Attentats mortels encore récemment. Le gouvernement chinois rétorque avec les moyens d’une alerte rouge multipliée par 10 comparée à la France. Le tout justifié par des risques terroristes. Résultat : Pour atteindre la ville d’Urumqi, 3 barrages routiers avec vérification des passeports et scan corporel. Barrage aux stations essences avec les passagers qui doivent descendre de voiture à l’entrée. Des policiers partout. La 4G tout simplement bannie dans toute la province. Une censure internet qui nous interdit tous nos sites habituels (je peste !). Autre exemple tout à l’heure pour entrer dans la gare super moderne d’Urumqi. Nous avons subi, en plus des contrôles classiques des passeports, deux contrôles comme ceux des aéroports et nous sommes fait confisquer nos couteaux suisses (Mathieu peste !). Le plus grand danger de cette province, dont les chinois ont très peur, m’apparaît plutôt être du côté de la police et du gouvernement avec une privation de liberté qu’ils imposent. Enfin c’est l’avis d’une occidentale issue du pays des droits de l’Homme. Ici, cela ne semble pas choquer. Une jeune chinoise, très intelligente, polyglotte et qui a voyagé dans plusieurs pays de raconter à propos de la censure internet : « beaucoup de chinois ne sont pas éduqués et n’ont pas besoin d’être en contact avec les autres pays et vos sites internet. Par ailleurs, le gouvernement nous protège comme il peut des mauvaises influences de l’étranger. Les grandes écoles sont quasi gratuites pour les étudiants chinois et c’est une bonne chose. C’est vrai, nous ne sommes pas totalement libres, mais quand la prochaine génération arrivera au pouvoir, les choses vont changer, petit à petit. En attendant nous avons copié en mieux tous les sites que vous utilisez (et ça, c’est vrai, mais malheureusement c’est en chinois